Les données collectées par le Haut-Commissariat aux réfugiés, publiées lundi 3 septembre, montrent que plus de 1 600 personnes sont mortes depuis le début de l’année au cours de la traversée.
La mer Méditerranée a été « plus mortelle que jamais » pour les migrants au cours des premiers mois de 2018. Plus de 1 600 personnes ont trouvé la mort depuis le début de l’année, selon un rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). Ce bilan a été publié lundi 3 septembre, soit trois ans après la diffusion des images d’Aylan Kurdi, un enfant syrien dont le corps sans vie avait été retrouvé échoué sur une plage turque.
« Passeurs », les nouveaux esclavagistes
« Alors que le nombre total de personnes arrivant en Europe a chuté (– 41 %), le taux de mortalité a rapidement augmenté », souligne le rapport, intitulé « Voyages désespérés ». Entre janvier et juillet 2018, « une personne sur 18 » tentant la traversée par la Méditerranée centrale est morte ou disparue en mer, contre « une personne sur 42 au cours de la même période de 2017 ».
Une estimation basée sur les témoignages des rescapés
« Ce rapport confirme une nouvelle fois que la Méditerranée est l’un des passages maritimes les plus meurtriers au monde », a affirmé Pascale Moreau, directrice du bureau du HCR pour l’Europe.
Charlie Yaxley au HCR à Genève, explique la manière dont ce bilan est réalisé. « Les chiffres de personnes noyées ou disparues sont établis à partir des témoignages recueillis auprès des survivants des traversées. C’est donc une estimation. »
Certains naufrages n’ont pas de survivants pour témoigner ; certains témoignages peuvent ne pas être précis sur le nombre de personnes disparues ; certains réfugiés peuvent ne jamais témoigner auprès d’organismes liés au HCR ou auprès des États d’accueil, pour des raisons de défiance envers une autorité. Le nombre de corps récupérés et enterrés est « infime. Il n’existe pas de statistiques sur ce nombre », poursuit Charlie Yaxley.
Céline Schmitt, du bureau du HCR à Paris, ajoute : « Nous compilons aussi les données transmises par les États européens. Nous avons également en Libye des équipes qui se rendent dans les ports où débarquent les embarcations de réfugiés arraisonnées par les gardes-côtes libyens. »
La route espagnole privilégiée
Par ailleurs, au cours de 2018, les routes empruntées par les migrants en Méditerranée ont changé. Sur les sept premiers mois de l’année, les arrivées sur les côtes espagnoles ont bondi de 130 % par rapport à la même période de 2017 (27 600 personnes contre 12 100 entre janvier-juillet 2017).
Dans le même temps, les arrivées en Italie ont chuté de 81 % sur la même période (18 500 contre 95 200). La route passant par la Grèce a connu une augmentation du nombre d’arrivées de + 88 % avec 26 000 personnes contre 13 800.